Tes
paroles se laissaient trouver
et je les dévorais.
Ta parole a été pour moi
joie et allégresse de mon cœur.
Car ton nom est prononcé sur moi
Seigneur, Dieu Sabaot.
Échos d'appreneurEs
du Canada et d'Europe
Qu'est-ce qui nous a amenés à choisir ce verset-là ? En quoi nous
parle-t-il ?
Intuitions et commentaires reçus avant, pendant et après la mise en
récitatif:
1) Dans ce verset, ne
sent-on pas le langage de l'amour ? Une parole du bien-aimé n'est
pas quelque chose qui m'effleure. Cette parole m'atteint et je la
laisse entrer en profondeur. C’est pourquoi mon identité en vient à
être liée à Celui qui me nourrit intimement. Son nom est associé à
moi, à ma vie et à ma propre parole.
Car ton nom est prononcé sur
moi...
2) Pour le 50e je trouve que ce verset est rassembleur en
ce sens qu’il peut relier les différentes familles joussiennes.
Jérémie nomme à sa façon une expérience que nous avons tous faite si
nous sommes devenus appreneurs.
3) Ce verset me relie par les racines à ceux qui pratiquent le
récitatif biblique, quel que soit le courant ou le groupe avec
lequel ils mémorisent. Notre expérience première du récitatif est
probablement savoureuse et vitale comme elle l’a été pour Jérémie
-autrement nous ne serions pas encore là à mâcher et remâcher les
paroles de la bible.
4) Ce qui est reconnu dès le début du verset c’est que nous récitons
une Parole qui nous vient d’un Autre.
Tes
parole… Ta parole… C’est bien au-delà de notre propre
parole.
5) Il y a le mot «
dévorer »
qui peut s’entendre aussi au sens de la manducation. Comme
récitant-e-s, nous avons vraiment envie de dévorer la Parole
lorsqu’elle nous est présentée.
6) Encore aujourd’hui, tout comme pour Jérémie, nous ressentons une
joie réelle à goûter si
profondément cette Parole.
7) Une joie partagée avec d’autres peut devenir
allégresse, réjouissance
collective… Ce 50e est une célébration où nos motifs de
joie deviennent allégresse de nos cœurs… On peut vraiment
fêter ensemble toutes ces années de travail préparatoire pour mettre
la Parole en récitatif… Tout l’investissement fait pour
l’apprentissage et la transmission.
8) Les mots de ce verset sont très forts et les images me parlent.
Je l'aime beaucoup, il dit la force de mon attachement à la parole
plus que j'aurais osé le dire moi-même.
9) J'ai déjà choisi ce verset pour un prospectus car il me semble
précisément bien décrire le seul rapport juste à la Parole qui est
celui de l'oralité. La Parole n'est pas d'abord une écriture et
c'est à la bouche de la recevoir et non pas aux yeux de la lire.
10) Jérémie se souvient. En nous réunissant ensemble, pour fêter le
50e de la mort de Marcel Jousse, n’est-ce pas ce que nous
avons fait : nous souvenir ?
Replonger dans les débuts... Nous remémorer l'immense travail
anthropologique de Jousse qui a défriché le terrain de la tradition
orale et l'a remis en valeur… Nous rappeler aussi,
par la pratique et le partage, la saveur de nos premières
manducations. Cette expérience commune a donné lieu à des
rayonnements aussi riches que divers.
11) C’est la parole d’un
prophète, et il me semble que le travail de
la récitation telle que pratiquée par les « descendant-e-s » de
Jousse est bel et bien de l’ordre prophétique.
Extrait d’un article du site Interbible
qui explique ce qu’est un prophète
tiré de la
chronique du 21 janvier 2011
par Roland Bugnon, Fribourg, Suisse
http://www.interbible.org/interBible/source/lampe/2011/lampe_110121.html
« Pour comprendre ce qui amène un homme à proférer une parole en
la présentant comme « parole de Dieu », il faut généralement
remonter à une expérience spirituelle forte comme celle que fait
Isaïe dans le Temple de Jérusalem. Il y rencontre le Seigneur
lui-même qui lui parle : « Alors j’entendis la voix du Seigneur
disant : "Qui enverrai-je? Qui ira pour nous?" Et je dis : "Me
voici, envoie-moi!" Il me dit : "Va et tu diras à ce peuple..."
» (Is 6,8-9a). Écoutons également comment un autre prophète,
Amos, se justifie devant Amasias qui cherche à le faire taire :
« Je ne suis pas prophète, je ne suis pas frère prophète : je
suis bouvier et pinceur de sycomore. Mais le Seigneur m’a pris
de derrière le troupeau et il m’a dit : “Va prophétiser à mon
peuple Israël!” » (Am 7,14-15).
Le cas de ces deux hommes est pour moi très intéressant et
révélateur de deux choses. Le prophète est un homme habité par
une parole qu’il ne peut pas taire. Cette parole s’enracine dans
la situation concrète de son temps. Ce sera, par exemple, une
aristocratie et un pouvoir entièrement corrompus, une royauté
qui a perdu le sens du bien du peuple et qui s’égare dans des
alliances suicidaires ou encore un peuple qui se « prostitue »
avec les idoles, les dieux cananéens... La parole que va
proférer le prophète est étroitement liée à ce qu’il voit autour
de lui.» |
Ainsi en est-il lorsque quelqu'un parmi nous propose une parole
biblique à une personne ou à un groupe réuni. Nous nous laissons
inspirer par ce qui vient de se dire, ou par ce que nous observons
autour de nous,
et nous ‘annonçons’ une parole qui éclaire et fait vivre quelque
chose de très actuel.
Voici comment, dans l’ACRB,
nous faisons l’expérience prophétique :
• Dans la communauté récitative canadienne, comme porteurs et
porteuses de la Parole vivante, étant en majorité des laïcs,
• il nous arrive régulièrement de nous retrouver au cœur d’une fête,
de funérailles, de rassemblements, de situations de toute nature
(sociale, familiale, intime), et ce, souvent hors de tout contexte
religieux,
• et d’avoir à livrer une parole qui surgit fortement de l’intérieur
de nous, parole qui a quelque chose à dire aux personnes
présentes. C’est un peu notre expérience de prophète -haut-parleur
d’une parole vivante et profonde qui surgit dans l'évènement et qui
veut être entendue– le Vivant cherche à se dire aux gens qui sont
là.
• Lorsqu’il nous est donné de vivre une telle expérience, nous
saluons Celui qui parle. Ce sont pour nous des moments
extraordinaires où nous recevons la Parole au présent, dans toute
son actualité, sa pertinence et son impact. Il s'agit d'en risquer la
proclamation pour nos contemporains dans la situation telle qu'elle
est.
• Souvent, cela met en lumière quelque chose qui est en train de se
passer sans être nommé... C’est alors que la chair se fait Verbe. Et
le Verbe nous relie à Dieu.
texte de Louise Bisson - 2012
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